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Deux ans après le séisme : le Haut Atlas marocain sur la voie de la reconstruction 

Vous en avez sûrement entendu parler : le séisme du Haut Atlas marocain, survenu il y a deux ans, a profondément bouleversé les villages de montagne, transformant radicalement le quotidien de nombreuses familles. 

En quelques minutes, des villages entiers ont été touchés, des familles déplacées, des enfants privés de leurs repères quotidiens. Mais dans cette tragédie, une dynamique de solidarité exceptionnelle s’est mise en place, portée par les habitants eux-mêmes, épaulés par les associations locales, les autorités et de nombreux partenaires nationaux et internationaux. 

C’est dans cette dynamique que Migrations & Développement (M&D) s’est engagé, pour cheminer, avec les habitants, vers une reconstruction toujours plus humaine et durable. 

Une réponse immédiate et ancrée dans le territoire

Dans les heures qui ont suivi la secousse, alors que certains villages étaient isolés, les mains se sont activées. Aux côtés des acteurs, M&D s’est mobilisé pour répondre aux besoins les plus essentiels.

Loin d’un secours uniforme, la stratégie visait des actions concrètes et solidaires : distribution de produits de première nécessité, fourniture de kits alimentaires, d’articles d’hygiène et de couvertures. Autant de gestes simples, mais porteurs d’un message fort : «Vous n’êtes pas seuls, nous sommes là». 

Parmi ces gestes, les fours à pain solidaires ont occupé une place singulière. Dans un contexte où le four collectif ou familial avait disparu avec les maisons, M&D a financé l’installation de fours qui ont rapidement rétabli une coutume essentielle : le pain partagé, l’odeur du four, symbole de continuité et de réconfort. 

Par ailleurs, l’appui aux associations locales, déjà actives au sein des communautés, a renforcé la capacité d’action de chaque village, dans une dynamique réelle de co-construction. 

Reconstruire le lien social : éducation, santé mentale et coordination

Une fois l’urgence passée, une deuxième phase s’est ouverte : celle de la reconstruction sociale. Car si les bâtiments pouvaient être réparés, les vies, elles, nécessitaient du temps et un accompagnement sensible. 

L’un des premiers enjeux a été celui de l’éducation. Dans les villages de montagne, les Dar Taleb.a, ces foyers qui accueillent les enfants scolarisés loin de leur famille, représentent un pilier essentiel. Endommagées ou fragilisées par le séisme, elles risquaient de priver des centaines de jeunes de continuité éducative. M&D, avec ses partenaires, a rapidement mis en place un soutien matériel pour réhabiliter ces structures et assurer aux enfants un espace sûr, propice à l’apprentissage. 

dar taleb

Un autre défi, souvent invisible mais tout aussi crucial, concernait la santé mentale. Les traumatismes psychologiques liés à la perte de proches, de maisons et de repères sociaux étaient profonds. Pour y répondre, M&D a organisé des caravanes de santé mentale, en partenariat avec Humanité et Inclusion, qui ont sillonné les villages pour proposer écoute, soutien et accompagnement psychosocial. Ces espaces de parole ont permis de libérer les émotions, de réduire le sentiment d’isolement et de redonner une perspective aux populations. 

La coordination a également été au centre de l’action. Dans un contexte où de nombreux acteurs -ONG, institutions, autorités- souhaitaient intervenir, le risque de dispersion des efforts était réel. Pour y remédier, M&D a contribué à la mise en place d’une plateforme de coordination multi-acteurs, réunissant associations locales, autorités provinciales et partenaires nationaux et internationaux. Cette instance a favorisé une meilleure répartition des tâches, évité les doublons et assuré une efficacité collective. 

Enfin, pour maintenir ce lien de proximité, un réseau de relais communautaires a vu le jour. Ces jeunes femmes et hommes issus des villages eux-mêmes ont été formés pour jouer un rôle de médiateurs, de points d’écoute et de référence dans leur communauté. Leur mission : identifier les besoins, accompagner les familles et servir de pont entre la population et les structures de soutien. 

Deux ans après : une vision tournée vers l’avenir

Aujourd’hui, deux ans après le séisme, l’action s’inscrit dans une perspective de long terme. La reconstruction ne se limite pas aux murs, elle implique de rebâtir les conditions d’une vie digne et prospère pour les habitants. 

L’économie locale, fondée principalement sur l’agriculture, a été particulièrement affectée. La relance de ce secteur est donc une priorité. Grâce à un partenariat étroit avec Agrisud et la Fondation Norsys, de nombreuses familles ont pu bénéficier d’un accompagnement pour redémarrer leurs activités : distribution de matériel agricole, formations techniques, appui à la diversification des cultures. Ces initiatives visent non seulement à redonner un revenu immédiat, mais aussi à renforcer la résilience face aux aléas climatiques et économiques. 

Dans le domaine éducatif, les Dar Taleb.a continuent de bénéficier d’appui à la mise en place de projets socio-éducatifs innovants. L’objectif est d’offrir des conditions d’accueil plus favorables, mais aussi de promouvoir des activités culturelles et citoyennes qui contribuent à l’épanouissement des jeunes. Car la reconstruction ne doit pas seulement réparer, elle doit aussi ouvrir de nouvelles perspectives. 

Un autre volet majeur concerne la protection de l’enfance. Dans un contexte où les vulnérabilités se sont accrues, il était essentiel de renforcer les mécanismes de prévention et de protection. En partenariat avec l’association AMANE, des actions concrètes ont été mises en place pour soutenir les structures locales, sensibiliser les communautés et créer des environnements plus sûrs pour les enfants. 

Le rôle des partenariats : une reconstruction collective 

Si tant a pu être accompli en deux ans, c’est grâce à une dynamique collective. Les autorités locales ont joué un rôle clé dans la coordination et le suivi des actions. Les associations de villages, fortes de leur ancrage et de leur légitimité, ont été au premier plan. De nombreux partenaires nationaux et internationaux – ONG, bailleurs, institutions – ont apporté un appui technique, financier et logistique indispensable. 

Ces actions ont notamment été rendues possibles grâce au soutien financier de l’Agence Française de Développement (AFD),de la Fondation de France (FDF), et de l’ambassade de France au Maroc dont l’appui a permis de structurer et de renforcer l’ensemble des interventions. 

Cette approche partenariale a permis de conjuguer les forces : expertise, ressources et proximité. Elle a aussi montré que la reconstruction, pour être durable, ne peut être l’affaire d’un seul acteur. Elle doit s’appuyer sur la coopération et sur la confiance mutuelle. 

Un chemin encore à parcourir 

Deux ans après, les montagnes de l’Atlas portent encore les cicatrices du séisme. Beaucoup reste à faire : reconstruire des infrastructures, améliorer les conditions de vie, renforcer la résilience des communautés. Mais les avancées réalisées montrent qu’un avenir plus solide et solidaire est possible. 

Pour M&D et ses partenaires, l’enjeu est désormais de maintenir l’élan. Car la reconstruction n’est pas seulement matérielle ; elle est aussi sociale, économique et humaine. Elle demande du temps, de la patience et un engagement collectif constant.